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Améliorer le bien-être des élèves : oui, mais comment ?

Comment améliorer concrètement le bien-être à l’école ? Certaines mesures sont-elles plus efficaces que d’autres ? Quels sont les dispositifs à éviter ? Une étude universitaire menée dans le cadre du Pacte pour un Enseignement d’excellence a tenté de répondre à ces questions.

En Bref

L’amélioration du bien-être à l’école et du climat scolaire font partie des grands objectifs du Pacte pour un Enseignement d’excellence. Une préoccupation largement partagée par les acteurs de terrain, puisque de nombreux établissements scolaires l’ont inscrite dans leur contrat d’objectifs.

Mais comment faire pour améliorer concrètement le bien-être à l’école, en particulier celui des élèves ? Existe-t-il des solutions plus efficaces que d’autres pour y parvenir ?

Un travail inédit

C’est pour répondre à ces questions et fournir à terme aux équipes éducatives des ressources testées et fondées sur des analyses probantes (voir encadré en fin d’article) que le Département des Sciences de l’Education de l’Université de Liège a proposé de mener une étude financée dans le cadre des travaux du Comité scientifique du Pacte. Objectif : identifier les caractéristiques des interventions et des dispositifs utilisés à l’étranger qui sont les plus susceptibles d’améliorer le bien-être des élèves.

À cette fin, l’équipe de chercheurs et de chercheuses a mené une revue systématique de la littérature scientifique, en se concentrant plus spécifiquement sur l’amélioration du bien-être psychologique et social des élèves du secondaire. Tous les dispositifs étudiés concernaient des mesures préventives et destinées à l’ensemble des élèves. En outre, ils devaient avoir été mis en œuvre par le personnel éducatif (enseignants, éducateurs, centres PMS…) et non par des chercheurs, afin d’être plus facilement réplicables dans d’autres contextes d’enseignement. L’équipe de recherche a ainsi passé au crible près de 4000 études avant d’en sélectionner 82, qui ont fait l’objet d’une analyse approfondie.

Les scientifiques ont ensuite utilisé les données disponibles pour calculer l’ampleur d’effet de chaque dispositif afin de déterminer son impact. Pour chacun d’eux, ils ont également rédigé une fiche de synthèse reprenant une brève présentation de l’intervention et de ses principaux résultats, ainsi que des informations pratiques concernant sa mise en œuvre (public-cible, durée, matériel et/ou formations nécessaires…).

Toutes les mesures ne se valent pas

Les chercheurs se sont ensuite demandé si certains types d’interventions étaient plus efficaces que d’autres. Ils ont alors classé l’ensemble des dispositifs en dix catégories et calculé la taille d’effet moyenne de chacune d’elles pour pouvoir les départager.

Les résultats obtenus leur ont permis de se rendre compte que certains types d’interventions sortent clairement du lot lorsqu’il s’agit d’améliorer le bien-être psychologique ou social des élèves. À l’inverse, d’autres produisent peu d’effet, quand ils ne sont pas contreproductifs ! Et il ne s’agit pas toujours de ceux auxquels on pense : « Certaines idées qui pourraient sembler originales, voire même saugrenues à première vue, produisent des résultats tout à fait significatifs », explique Sophie Bricteux, l’une des autrices de l’étude.

Les trois catégories d’interventions les plus prometteuses tant pour le bien-être psychologique que social reposent sur :

  • La « théorie de l’autodétermination », qui favorise la motivation des individus en renforçant notamment leur autonomie, leur sentiment de compétence et leurs liens sociaux (ex : donner la possibilité aux élèves de choisir les tâches qu’ils vont réaliser, mais aussi la manière de les mener à bien) ;
  • La « psychologie positive », qui enseigne la résilience face aux évènements négatifs et encourage l’expression d’émotions positives (ex : inciter les élèves à écrire une lettre de gratitude, leur proposer de dresser une liste de leurs objectifs dans la vie ainsi que des moyens de les accomplir) ;
  • Les « approches intégratives », qui combinent plusieurs types d’interventions différents (ex : en mélangeant des exercices de méditation et de psychologie positive).

Certains types de dispositifs produisent des effets en demi-teinte en améliorant un aspect du bien-être, mais pas l’autre. Les pratiques de méditation relèvent de ce groupe : elles ont un impact positif sur le stress, l’anxiété et la régulation des émotions et donc contribuent à l’amélioration du bien-être psychologique des élèves, mais n’ont pas d’effet significatif sur leur bien-être social.

Enfin, à l’autre bout du spectre, certaines mesures ne produisent aucun effet positif significatif, voire seraient même préjudiciables pour le bien-être des élèves, ce qui démontre l’importance de bien maitriser la pratique et son protocole d’implantation et incite à une grande prudence quand on veut passer de la théorie (la recherche) à la pratique (l’implantation dans les écoles).

Des outils pour les équipes éducatives

Cette nouvelle étude apporte un éclairage nouveau sur des pratiques étrangères particulièrement prometteuses pour améliorer le bien-être des élèves du secondaire.

C’est pour diffuser ces résultats qu’une journée de valorisation a été organisée le 25 mars dernier par le chantier « bien-être » du Pacte et l’équipe de recherche.

En montrant clairement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, en récoltant des informations sur les conditions idéales de mise en œuvre de certaines de ces pratiques testées à l’étranger, il est désormais possible de poursuivre le travail et d’établir comment les implanter dans les écoles de la FWB.

En attendant cette possibilité de transposition dans le réel, le rapport de recherche et certaines des fiches descriptives élaborées par l’équipe de recherche seront prochainement mis à disposition des équipes éducatives et des acteurs de l’école (pour suivre toute l’actualité du Pacte : https://pactepourunenseignementdexcellence.cfwb.be/).

À noter que l’ensemble des dispositifs décrits concernent des mesures préventives et universelles d’amélioration du bien-être. Malgré l’efficacité de certains d’entre eux, ils ne sauraient se substituer à une aide ciblée des élèves confrontés à des difficultés d’ordre psychologique ou social.

L’éducation basée sur des preuves, c’est quoi ?

D’abord apparue en médecine, l’approche basée sur des preuves (evidence-based) repose sur l’appropriation par les praticiens (médecins, enseignants…) des résultats de recherches expérimentales rigoureuses et consiste à privilégier les méthodes, les pratiques et les outils dont l’efficacité a fait l’objet d’une validation scientifique.

En mesurant précisément l’impact (les effets) d’une intervention, on pourra non seulement documenter ce qui fonctionne ou non, mais aussi comparer les interventions ou les outils afin de choisir la meilleure option possible. Plus largement développée dans les pays anglo-saxons, l’éducation basée sur les preuves s’inscrit dans une perspective dynamique, où de nouvelles preuves et les connaissances accumulées doivent permettre d’améliorer constamment ce qui est mis en place.

Les travaux du Pacte ont également souligné l’intérêt d’une approche dynamique de la recherche et de ses résultats qui favoriserait l’innovation en combinant mieux les apports issus de différents paradigmes de la recherche. C’est dans cette optique que huit consortiums scientifiques rassemblant des chercheurs des universités et de hautes écoles de la FWB identifient, analysent et expérimentent des outils didactiques et des dispositifs pédagogiques qui permettent d’outiller les enseignants du tronc commun. Les consortiums ont pour mission d’établir un répertoire d’outils et de dispositifs dans différentes disciplines que les enseignants peuvent consulter, sélectionner et se procurer aisément, en fonction de leurs besoins et de ceux de leurs élèves. Ces ressources sont publiées sur e-classe.